Un bout d'histoire journalistique

"Faut s'casser de là où on va tous y rester"...
La dernière phrase de Rodriguez résonnait encore dans ma tête. Je voyais encore son visage qui dépassait

du muret lorsqu'il me l'avait crié juste avant le tir de roquette ennemi. J'avais peur de lui aussi le perdre, ce cousin du continent qui nous avait rejoint sur le caillou suite à la faillite de la société de son père. Je suis sûr qu'il ne s'était pas attendu à une escalade de la violence sur ce territoire accidenté. Je m'en voulais déjà de l'avoir amené sur le champ de bataille, juste parce qu'on avait eu les yeux plus gros que le ventre.

Il fallait se résigner à déserter cette fichue ville, Kalochori, après la mort de Ben et de Fred suivant l'assassinat de Niko. Il ne restait plus que nous trois, Rodriguez, Jbuss et moi, Kupide.

Je me jurais que si on s'en sortait, je rendrais les armes et essayerait d’œuvrer pour la communauté de l'île.

J'étais assez casse-cou pour me lancer dans une carrière de journaliste, j'avais déjà mon réseau de contacts et j'étais sur de pouvoir en infiltrer quelques-uns dans la police, m'ouvrant l'exclusivité du scoop et peut-être de pulitzer...

Je sentais une douleur remonter le long de ma jambe, courant jusqu'au bas de la colonne comme si j'étais branché à une batterie d'hélico. J'ouvrai les yeux, la vision brouillée. Quelqu'un me trainait. Je sentais mes épaules tirées vers l'arrière. Ma vision s'ajustait et je reconnaissais la silhouette montée par le casque doré de Rodriguez, son fétiche (précieux?) qu'il gardait pour les "grands coups" comme il disait. Encore une fois ça avait dû lui porter chance car la roquette avait pétée entre lui et moi, distant de plus de 10 mètres et c’était lui qui me traînait.

"Bouge toi bordel!" "Jbuss nous attend dans l’hélico". Effectivement, je commençais à entendre la Tornade. C'est comme ça qu'on avait appelé mon hélico après qu'il se soit pris une rafale de Zaphir dans le rotor et que je nous avais "posé" en urgence dans un tourbillon de sel sur la mine en question.

Je reprenais mes esprits et essayais de me redresser, ma jambe droite me l'empêchait. Je constatais le garrot et l'attèle, travail que je devinais de Rodriguez. Il avait l'estomac solide et nous avait prouvé à plusieurs reprise son efficacité dans l'urgence. Il connaissait les premiers secours, il les avait appris lors d'un stage financé par la mairie de Kavala. Il me disait qu'il voulait être ambulancier et moi je l'avait entrainé dans cette guerre de territoire que l'on ne maîtrisait plus. Sa formation m'avait sauvé la vie et la jambe aussi. Aidé de Jbuss, ils me tiraient dans l'hélico et on s'évacuait de ce merdier.

Quelque mois plus tard j'avais effectivement rendu les armes, en tout cas partiellement, et essayait d'expliquer à la population civil l'ampleur de la rébellion à l'est ainsi que l'étendue de sa progression vers l'ouest. Rodriguez s'était mis dans les rangs de la médecine, ambulancier spécialisé en zone de guerre. Ça avait l'air de sonner barbare comme fonction mais ça avait l'air de lui plaire. Jbuss quand à lui était resté dans l'ombre de la rébellion. Mes sources m'avaient averti qu'il portait les couleurs du drapeau noir. C'était peut être le plus brave de nous 3, il avait mérité son rang au sein de leur organisation.

La suite... en jeu et sur le forum.

Un texte de Rodriguez Duke.