Histoire de mécanique : Mon premier hélicoptère
Cependant il y en avait un, un peu décrépi, laissé à l'abandon, que j'observais souvent au travers de mes jumelles en plastique.
À 10 ans, je fabriquais des maquettes d'engins volants. Le rendu final des maquettes se rapprochait du design d'un hélicoptère mais elles n'avaient certainement pas les caractéristiques pour pouvoir voler, même avec un moteur.
À 13 ans, j'avais fabriqué un petit avion. J'avais dézingué l'épilateur de ma mère pour faire le moteur, ce qui m'avait valu une grosse correction. Mais celui là volait! Le seul soucis était les commandes. J'avais pensé à le faire voler mais pas à le contrôler. Je me rappelle encore le voir s'évanouir au loin, dans la brume du matin en direction de l'aérodrome. Je ne me faisais pas de soucis pour lui, il retrouverait ses semblables et s'en porterait pas plus mal.
Mais le lendemain je décidais d'aller le récupérer. Je passais dans le trou de la clôture, accompagné de mon vélo. La brume matinale m'aidait à passer inaperçu sur les grandes pistes étalées à perte de vu. J'entendais cependant un gros bourdonnement se rapprocher. C'était un avion qui amorçait son décollage. Probablement le jet privé de l'autre millionnaire, celui de la grande ville. Il ne m'avait pas vu, j'étais allongé dans les hautes herbes jouxtant la piste, mon vélo à plat. Je remontais sur mon vélo et me dirigeais vers l'épave d'hélicoptère, celle que j'admirais au travers de mes jumelles tous les jours sans brume.
Sous le hangar, juste à côté de l'hélico, je voyais mon avion, le bac dans le bitume, une aile à moitié vacillante. Il avait trouvé sa place dans le hangar à pièces détachées. J'abandonnais l'idée de récupérer mon avion et m'approchais de l'hélicoptère. On voyait clairement qu'il avait vécu et que ça faisait un moment qu'il était là, abandonné. Des ressorts avaient troué les sièges en cuir, dénotant pourtant une qualité d'époque. Le manche penchait légèrement sur le côté comme si quelqu'un s'efforçait à faire une manœuvre. Il lui manquait une pale mais le rotor semblait conservé malgré les intempéries. J'entendais des chiens de chasseur au loin. Ils avaient dû me sentir dans les environs, fallait que je m'en aille.
Pour l'anniversaire de mes 15 ans, mon père m'avait offert une de ces maquette volante qu'on appelait drone. La prise en main de la télécommande n'était pas facile et innée mais je m'y étais fait, à force de crasher puis de réparer l'engin.
C'est pour mes 18 ans que j'avais eu la plus grosse surprise de ma vie. Ça faisait déjà quelques semaines que j'avais remarqué que l'épave d'hélico avait disparu. Je voyais là dedans un présage, ma jeunesse disparaitrait avec lui.
Je rentrais de mes cours de mécanique. Ma mère me pressait de rentrer pour se mettre à table avec eux, comme si elle voulait m'empêcher d'aller bricoler ma moto dans mon petit hangar qui se trouvait derrière celui de mon père. Après le repas, ce fut une grande surprise. Ma mère avait fait les choses en grand, c'est pas tous les jours que son fiston avait 18 ans. Ils me dirigeaient vers l'extérieur, les yeux bandés, ma mère à gauche, mon père à droite, me tenant tous les deux par la main pour me guider. Je sentais l'excitation des deux. La surprise devait être géniale, j'en devenais presque impatient...
Un texte de Rodriguez Duke.
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